Chaque jour, lorsque nous ouvrons les yeux sur le monde et que ceux-ci sont en parfait état de fonctionner, nous découvrons le monde en couleurs, en formes et en mouvements.
C’est ce que les humains à travers les âges ont tous connu.
Puis un jour Léon Bouly et les Frères Lumière inventèrent le cinéma. De là, une nouvelle manière de regarder le monde et de le penser a pris naissance dans « le 7 eme art ».
Une véritable industrie s’est bâtie sur celui-ci générant nombre de productions cinématographiques.
Pourtant avec l’avènement des nouveaux médias – la télévision, le magnétoscope, puis internet, DVD et Blu Ray – le nombre d’entrées dans les salles obscures a beaucoup chuté depuis les années 1950.
L’enjeu financier et la technologie aidant, nous avons inventé une nouvelle manière de faire venir les clients dans les cinémas : la 3D, cette odieuse tyrannie.
Je dis tyrannie car c’est encore une nouvelle manière de nous vendre un service dont nous n’avons pas besoin. C’est super « in » et à la mode mais cette nouvelle technologie – je devrai dire en fait ancienne – a de réels dangers.
Cette technologie est d’autant plus absurde que son nom est très mal choisi. Nous voyons déjà en 3 dimensions dans la vie de tous les jours. Si ce n’était pas le cas, nous serions comme des bonhommes sur une feuille de papier. Il serait certainement plus juste de parler de relief ou de perspective et en particulier la perspective cavalière.
Petit historique pour commencer. Comment fonctionne « la 3D » ?
La vision en 3D repose sur le principe assez simple du traitement séparé des images entre l’œil droit et l’œil gauche, sous un angle légèrement différent, de manière à ce que le cerveau reconstitue le relief.
La technologie 3D fait appel à la stéréoscopie c’est à dire la manière de produire une perception du relief à partir de deux images planes. C’est ensuite le cerveau qui reconstitue une seule image en relief à partir de la perception de deux images séparées et différentes vue par chaque œil.
C’est donc non seulement un travail des yeux mais aussi et surtout du cerveau qui permet de voir en relief.
Il est possible de détailler les diverses façons dont la 3D fonctionne mais ce n’est pas vraiment l’objet de cet article. De nombreux sites internet nous l’expliquent en détail bien mieux que je ne le ferai. Toutefois, pour éclairer le propos, il existe trois manières pour créer un effet 3D.
L‘anaglyphe est le plus ancien de tous les procédés et existe depuis le XIX eme siècle. Il consiste à superposer deux images aux couleurs complémentaires représentant la même scène mais avec un décalage. Vous vous rappellerez sûrement les jolies lunettes rouges et vertes avec lesquelles vous avez regardé les premières animations 3D dans les dernières décennies du XX eme siècle.
L’image verte et rouge sont diffusées en décalage selon la profondeur du relief que l’on souhaite obtenir. C’est le cerveau qui compile le tout et forme le relief. Toutefois, cette technologie la plus ancienne a peiné souvent a donner un bon résultat. Il faut à la fois que le diffuseur soit exactement calibré, la couleur des lunettes optimale et la distance à laquelle on regarde aussi. Les trois simultanément sont assez difficiles à obtenir et nous percevions donc une image bizarre. C’est d’ailleurs pourquoi elle n’est pas utilisée sur les écrans 3D actuels.
Le second principe est celui de la 3D passive à l’aide de lunettes polarisées. C’est en gros la même idée de diffuser pour chaque œil une image particulière dont le cerveau fait un mix et retransmets une image en relief.
Cette fois ci, le procédé utilise l’entrelacement. Pour parler simple, l’image est composée avec des lignes dont la fréquence est différente pour chaque œil. Ainsi, chaque verre des lunettes polarisées va restituer une image différente à chaque œil. De là, le cerveau reconstitue.
Un des dernier procédé existant est la 3D active qui supprime l’entrelacement mais alterne très rapidement une image sur l’œil droit puis une autre sur l’œil gauche. Cette alternance peut aller jusqu’à 100 voir 200 images à la seconde. Chaque œil doit au final percevoir au moins 60 images par secondes pour percevoir le relief. Un film normal en 2D est cadencé à 24 images par secondes … cherchez l’erreur.
Il convient, même avec ce dernier système, de porter des lunettes spécifiques pour opacifier chaque verre en alternance au rythme de la diffusion des images. Pour ce faire, ces lunettes ont besoin d’énergie et sont donc pourvues de mini batteries.
Le dernier des procédés en date récente est celui des TV 3D promises sans lunettes. Celui est fondé sur le principe de l’auto-stéréoscopie. Pour l’explication technique, suivre le lien vers la page Wikipédia très bien expliquée.
Lorsque vous allez au cinéma regarder un film en « 3D » ou devant une télé en « 3D », vos yeux sont littéralement bombardés avec des images à fréquences très élevée. Les yeux doivent accommoder l’image en permanence et reconstituer l’image en relief très rapidement.
Ces expositions génèrent du stress, de la fatigue visuelle (ou asthénopie), voir provoque un déficit de la vision binoculaire. D’autant que les expositions peuvent être longues et répétées.
Les films long métrage les plus courts durent au moins 1h30 mais en moyenne plus 2h … sans compter avec les 3h20 de Titanic ou quelques heures devant la télé avant d’aller dormir.
Une étude menée sur 24 adultes à l’Université de Californie de Berkley et financée par Samsung a montré que regarder des images en 3D était très mauvais pour les yeux et le cerveau. Le phénomène appelé « accommodation-vergence » veut dire que nos yeux doivent constamment s’ajuster à l’écran et au contenu en 3D en même temps. Et cela est un effort bien trop violent pour les yeux et le cerveau qui n’ont pas été fabriqués pour ça.
Source : http://www.whytivi.fr/news/etude-sur-la-vido-3d–efforts-et-fatigue-des-yeux
Les ophtalmologues se rangent derrière le fait qu’aucune réelle étude sérieuse ne mets en évidence le caractère néfaste pour les yeux mais juste pour le cerveau disent-ils. C’est vrai que c’est moins grave sans doute … .
José-Alain Sahel, chef de service d’ophtalmologie à l’hôpital des Quinze-Vingts, est formel: «Il n’existe aucune preuve scientifique que les images en 3D soient dangereuses pour les yeux. D’ailleurs, leur effet concernerait plutôt le cerveau.»
Même son de cloche aux États-Unis et chez plusieurs spécialistes européens: rien ne prouve que la technologie 3D puisse mettre en péril la vision des enfants. Tout au plus l’Académie américaine de pédiatrie recommande de ne pas laisser les enfants de moins de 2 ans regarder des écrans .
Si on écoute les « spécialistes » rien de neuf sous le soleil, tout va bien. Mais tous les spécialistes ne sont pas d’accord et certains spécialistes et même firmes commerciales modèrent ce propos.
Une étude est menée depuis 2011 pilotée par Patrick Zucchetta de la société Doremi (technologies spécialisées dans les serveurs de cinéma numérique) en partenariat avec l’ANR (Agence nationale de Recherche) et le service d’ophtalmologie du CHRU Morvan à Brest dirigé par le Pr Cochener et le LaTIM (Laboratoire de Traitement de l’Information peut adapter des lunettes pour chacun, en fonction Médicale Inserm U650).
Cette étude a pour mission de définir les populations à risque et les environnements défavorables à la 3D et d’analyser l’activation cérébrale en immersion 3D. L’étude doit durer trois ans mais je n’en n’ai pas retrouvé les résultats. Toutefois si des crédits ont été alloués sur ce projet de recherche, c’est qu’on estime qu’il y a un risque potentiel.
Pourtant, si rien ne vient confirmer les dangers des images 3D sur les enfants, rien ne prouve leur innocuité. Il vaut mieux respecter le principe de précaution, estime le Pr Michel Imbert, directeur d’études à l’EHESS, spécialiste en sciences cognitives et perception visuelle. Chez les jeunes enfants, les muscles des yeux ne sont pas totalement formés.
«Personnellement, je ne mettrai jamais un enfant de moins de 6 ou 7ans devant un écran qui modifie les conditions de vision naturelles. Toute expérience visuelle pendant l’enfance a un impact sur la façon dont le système visuel se câble. Or, les connexions très sensibles du cortex cérébral, qui interprète la profondeur, peuvent être altérées par une expérience visuelle artificielle.»
Les expérimentations menées par Michel Imbert sur la perception visuelle l’ont convaincu: « Une exposition, même brève, à une vision monoculaire, par exemple si un œil est fermé, entraîne des troubles de l’acuité visuelle binoculaire. Si un jeune enfant n’a pas une vision binoculaire normale pendant sa croissance, il aura un déficit dans la perception de la profondeur. »
Cela arrive chez des enfants dont on doit cacher un œil trop fort par rapport au second trop faible afin de faire fonctionner ce dernier. C’est souvent un strabisme qui en résulte à la fin de la petite enfance ou à l’âge adulte. Il est possible de le corriger par une opération chirurgicale. Même si les chirurgiens ont souvent des doigts de fées, ce n’est jamais sans risques.
Mais malgré la présence de tels avertissements, Audioholics reste particulièrement alarmiste. En effet, la technologie 3D risque d’affecter la vision pour entraîner un strabisme. Ce syndrome peut se percevoir à l’œil nu, dans la mesure où les axes des deux yeux ne sont plus parallèles.
Le cerveau, pour éviter de voir double, ignore alors l’une des deux images pour se concentrer sur une seule. Malheureusement, sans le second œil, le sujet perd sa vision en trois dimensions.
Conclusion: «Il ne faut pas perturber la vision normale des enfants. Surtout sur une console de jeu, avec des images en mouvement produites par traitement. La perspective artificielle peut entrer en conflit avec la perspective naturelle. Personnellement, je pense qu’il faut maintenir un principe de précaution.»
Sources : http://www.cinema3d.fr/la-3d-un-danger-potentiel-pour-les-enfants/
http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2011/01/30/01007-20110130ARTFIG00244-vraiment-sans-risques-les-images-en-3d.php
Pour compléter ce qui a été dit plus haut, un strabisme chez l’enfant est très difficile à traiter et à vivre. Pour ceux qui n’ont pas bien compris ce qu’est le strabisme, voici le lien vers un site belge qui l’explique très bien.
http://www.orthoptie.be/fr/pathologies-et-traitements/scheelzien
Je vous épargne les images à visages réels. Pour corriger un strabisme chez l’enfant, en dehors de l’opération chirurgicale qui est lourde et sans garantie de résultats, il n’y a qu’une solution qui est une longue série de séances orthoptie très fatigantes. C’est bien souvent un cauchemar pour eux.
Et si elle dangereuse pour tous – adultes comme enfants – les enfants sont une cible bien plus facile. Entre les dessins animés 3D américains doublés par des stars françaises qui font un carton ou les consoles de jeux, il y a du souci à se faire.
En effet, fin 2010, même Nintendo, fabriquant de jeux vidéo, met en garde les parents sur l’utilisation de la Nintendo 3DS chez les enfants de moins de 6 ans qui à la vue d’images 3D pendant une longue durée pourrait affecter négativement le développement de leurs yeux.
Pour terminer, c’est l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (Anses) dans un rapport du 06 novembre 2014 déconseille également l’usage de la 3D pour les enfants de moins de 6 ans et recommande de les utiliser de façon modérée pour les moins de 13 ans.
https://www.anses.fr/fr/content/technologies-3d-et-vision-usage-d%C3%A9conseill%C3%A9-aux-enfants-de-moins-de-6-ans-mod%C3%A9r%C3%A9-pour-les
Il faut donc nous éviter cela et nous protéger ainsi que nos enfants.
La technologie « 3D » est dangereuse. Elle induit un mouvement des yeux et une gymnastique du cerveau qui n’est pas naturelle et volontairement forcée. Cela a des conséquences au niveau visuel mais aussi cognitif.
Non seulement nous nous faisons du mal mais nous payons pour avoir le loisir de le faire ! C’est le comble de l’absurde.
Au delà de cet aspect, la vision de la 3D entraîne une fatigue visuelle et maux de tête voir des migraines qui peuvent être sévères. En regardant de la 3D, régulièrement ou non, nous sommes plus souvent sujets à des douleurs s’apparentant au mal des transports, à la désorientation ou la perte d’équilibre. Et cela n’est pas provoqué que chez les personnes fragiles ou ayant déjà un défaut de vision. Mais dans ce derniers cas, la 3D peut aggraver des problèmes qui existaient avant.
Les pilotes qui s’entraînent dans les simulateurs de vol ont le même genre de symptômes. D’ailleurs un outil scientifique a été mis à leur disposition pour mesurer la fatigue qui découle de la vision 3D sur une longue durée :le questionnaire d’affection liée aux simulateurs.
Source :http://www.cinema3d.fr/la-3d-fait-mal-aux-yeux-selon-slatefr/
Cela c’est la version côté santé.
Cela devient assez ridicule quand on sait qu’environ 12 % de la population mondiale ne pourrait pas voir la 3D et 25 % aurait du mal à la regarder.
En effet, tous les humains n’ont pas une vision binoculaire parfaite voir des troubles qui les empêchent de bien voir la « 3D Relief ».
Source : http://eyecaretrust.org.uk/view.php?item_id=566
http://www.gameblog.fr/news/16751-3ds-une-personne-sur-10-ne-verra-pas-la-3d
Selon certains spécialistes, il suffirait d’attendre un peu que mes yeux s’habituent. Le temps d’adaptation est une belle excuse. C’est l’exemple d’un modèle de discours bien rodé pour nous vendre encore plus de choses dont nous n’avons pas besoin.
Mais dire que la 3D est dangereuse, ce n’est pas politiquement ni encore moins économiquement correct.
Le filon est énorme pour le cinéma et les recettes des salles obscures ont presque doublé en 10 ans et surtout depuis 5/6 ans que la 3D y a élu domicile.
Rapport du ministère de la culture et de la communication – chiffres clés Cinéma 2012
Après l’étude des chiffres, il est possible de voir que les entrées se sont envolées à partir du début des années 2000. L’industrie du cinéma en France est passé de 116 millions d’entrées en 1992 à 206,3 millions en 2010 (graphique page 118), soit presque un doublement. On passe d’un facteur 100 en 1992 à 180 en 2010.
Il est aussi possible de voir dans ce rapport que non seulement le nombre d’entrées à augmenté mais le que c’est aussi le nombre de sièges et d’écrans qui ont considérablement augmenté quand le nombre global d’établissements a baisé. Cela signifie plus de multiplex qui font des millions d’entrées, le chiffre d’affaire et qui ont les moyens d’investir dans les technologies 3D très onéreuses. Multiplexes qui au passage tuent les petits cinémas de quartier ou de campagne.
Combien payez vous pour aller au cinéma ? La dernière fois que j’y suis allée, j’ai payé une place plein tarif à 8,30 € (en 2D je précise). Si vous voulez du 3D, il vous faudra rajouter de 1 à 10 € pour les lunettes et un surcoût pour la place du à l’investissement lié aux équipements 3D.
Avec une famille, deux adultes, deux ou trois enfants ; la place de cinéma est déjà chère. Mais quand on ajoute la 3D cela devient une vraie rente !
Ce rapport concerne la France. Je n’ai pas vérifié les chiffres dans le reste du monde et en particulier les États Unis, mais il y a fort à parier que la tendance est la même si ce n’est bien plus marquée
Le pire c’est que bientôt nous n’aurons même plus le choix car les séances de cinéma en 2D se comptent maintenant sur les doigts de la main.
De même que les fameuses TV 3D qui envahissent le marché et qui supplanteront bientôt les TV traditionnelles 2D qui ne se vendront plus.
La 3D met donc nos corps et nos cerveaux dans un état particulier non naturel et mets en danger la santé de nos yeux et de nos cerveaux.
Avant d’en terminer, j’aimerai indiquer quelques pistes pour vous jouer de la 3D mais continuer à profiter encore un peu du cinéma ou de la TV avant que la 3D ne prenne tous les pouvoirs
Nous avons normalement toujours le choix de ne pas regarder un film en 3D. Mais au cas où …
– Respectez une distance minimale pour regarder des images en 3D et faites une pause d’au moins 30 minutes après avoir regardé un film ou avoir joué à un jeu en 3D.
– En cas de sensation de malaise, de fatigue ou de maux de tête, arrêtez de regarder l’écran et passez à autre chose.
– Pour la 3.DS, ne laissez pas les enfants jouer avec ou alors désactivez la 3D avec le bouton sur la face de la console.
Deux choses donc résume la 3D : arnaque financière et danger pour la santé !
Il paraît qu’on arrête pas le progrès. Mais un progrès qui, à la longue, abîme les yeux, le cerveau et la santé, je pense que l’on peut s’en passer non ?
De mon point de vue tout à fait personnel, face aux technologies 3D, le seul bon comportement est le boycott.
Mélanie – My Original Nature
Sources :
http://www.cinema3d.fr/la-3d-fait-mal-aux-yeux-selon-slatefr/
http://www.cinema3d.fr/la-3d-un-danger-potentiel-pour-les-enfants/
http://www.presse-citron.net/cest-prouve-la-3d-entraine-de-la-fatigue-et-des-migraines
http://www.bienchoisirmonelectromenager.com/3d-comment-ca-marche
http://www.bebeguide.com/les-images-3d-sont-elles-dangereuses-pour-les-enfants/
http://www.opticiens-visalis.com/votre-vue/lunettes-3d-quel-impact-sur-la-sante/
http://blog.industrie.com/technologie/edito/television-3d-quels-risques-pour-la-sante/
http://pilule.telequebec.tv/occurrence.aspx?id=886
http://www.whytivi.fr/news/etude-sur-la-vido-3d–efforts-et-fatigue-des-yeux
http://www.journalofvision.org/content/11/8/11
http://www.slate.fr/story/3499/la-3d-fait-mal
http://www.play3-live.com/news-ps3-12-des-gens-ne-verraient-pas-leffet-de-la-3d–21694.html
http://vision.3d.free.fr/seconde%20partie.htm
http://www.orthoptie.be/fr/pathologies-et-traitements/scheelzien
http://www.hitl.washington.edu/publications/r-98-11/node135.html