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Hommage à mon amie Virginie

J’aimerais aujourd’hui rendre hommage à ma très chère amie Virginie qui vient de nous quitter.

Hommage à mon amie Virginie peluche Isidore - Crédits Mélanie My Original Nature – Licence CC BY-NC-SA 4.0

Source photo : Virginie M.

Une amitié de plus de 20 ans

Virginie, tu étais une de mes plus anciennes amies.

Ce qui te distinguait par-dessus tout c’est cette aura solaire, cette lumière qui émanait de toi. Une aura de gentillesse et de douceur mais surtout avec une bonne et forte énergie. Tu paraissais d’extérieur frêle et fragile mais tu étais une des femmes les plus fortes que j’ai jamais connues. Tu voyais toujours le bon côté des choses, même dans les moments durs et tu continuais d’avancer contre vents et marées.

De plus, l’autre chose que je retiens de toi c’est ton extrême courage. Tu étais une lionne qui s’est battue toute sa vie face à des circonstances peu communes.

Comme moi, tu étais dans les 1 % de choses qui n’arrivent jamais mais qui te tombent dessus sans crier gare. Tu les as toujours affronté avec tant de courage et de dignité. Cette force et ce courage honore ta vie, bien trop courte mais remplie de toutes les belles choses que tu y as construites.

Je me rappellerai toujours de notre rencontre lors du séminaire RAVI à la Mission Locale. Une formation d’un mois pour des personnes comme toi et moi, cassées très jeunes dans leur vie. Des jeunes qui avaient besoin de reprendre confiance en eux, en leurs qualités, en leurs compétences pour rebondir à la fois personnellement et professionnellement.

J’étais à une période de ma vie où tout quasiment était détruit. Toi, tu te battais seule pour élever ton fils.

Puis, en travaillant par groupe de deux, tout de suite, nous nous sommes trouvées, en confiance et en symbiose, en particulier par l’écriture.

Toutefois, si depuis des années j’ai le syndrome de la page blanche, toi tu continuais à écrire dans tes carnets où tu dessinais également au gré de ton inspiration. Tu m’en avais montré un et j’ai trouvé cela tellement beau et si représentatif de toi ; magnifique !

Tu m’avais fait le grand honneur de me demander d’écrire dans un de tes carnets où personne d’autres que toi n’écrivait. J’y avais laissé un message d’espoir et pour que tu guérisses. Mais cela n’a pas suffit …

Une connexion spirituelle, un partage si profond

En l’occurence, ce qui est fou dans notre relation c’est que nous pouvions passer plusieurs mois voir année sans se voir ou parler. Mais à chaque fois, c’était comme si nous nous étions vues hier. Nous nous comprenions au-delà des mots. C’était une connexion émotionnelle si forte qui transcendait le temps et l’espace.

J’ai été plus que réjouie quand tu as trouvé l’homme qui aujourd’hui pleure ta perte avec vos enfants. Tu avais enfin trouvé un homme gentil, aimant et surtout qui prenait bien soin de toi contrairement à ce que tu avais pu connaître auparavant. Il était possible de sentir le bonheur que tu vivais dans tous tes mots.

Tes enfants étaient toute ta vie et tu les aimais plus que tout. Tu étais une vraie maman de cœur pour eux. C’était un tel bonheur pour toi et je le ressentais si fort quand tu en parlais.

Je regrette tant de ne pas être venue à ton si beau mariage. Le plus fou c’est que nous nous sommes montré les photos il n’y a que quelques mois seulement. Nous en avons parlé tellement souvent mais nous n’y avions jamais pensé ! C’était ça notre relation, tout dans la parole, l’émotion et les ressentis.

Nous avions une connexion spirituelle, comme toi tu l’étais. Tu partageais aussi cette même connexion spirituelle avec d’autres personnes si chères à ton coeur. Elles se sentent aujourd’hui comme moi, orphelines et pleines de chagrin. Mais des connexions comme la nôtre perdurent par delà la mort, j’en suis persuadée.

La perte de nos fils

Puis, tu as perdu ton fils adoré Malik dans des circonstances si atroces que cela a bouleversé plus que ta vie. Cela a déchiré ton cœur de maman.

Tu m’avais expliqué que Malik signifiait en arabe « le prince » ou « le roi ». Il était le petit roi dans ta vie et nous avons beaucoup parlé de lui. Depuis le jour de sa disparition, tu as dû aussi te battre pour faire condamner ses assassins et faire reconnaître à lui et à votre famille le statut de victime.

Ensuite, il y a 3 ans, c’était nous qui perdions notre fils à la naissance. Je n’osais pas t’en parler au début, j’avais peur que cela ravive trop ta douleur. Maintenant, je sais que chaque partage avec un parange et de parler de nos enfants disparus est un moyen de les faire vivre à travers nous pour qu’ils ne soient jamais oubliés.

Ils n’avaient pas le même âge mais nous nous comprenions encore plus, ensemble dans la même douleur indicible et imaginable de perdre une partie de soi. Tu étais une mamange comme moi. Nous avions cette chose de plus en commun, d’avoir un ange dans le ciel dont on a cru crever de le perdre mais dont on savait qu’il veillait sur nous de là-haut. Nous le savions car ils nous envoient tellement de signes.

D’ailleurs, nous avons partagé un signe en commun, si beau et magnifique qui me restera en mémoire toute ma vie. Il s’est produit en mars dernier à l’hôpital quand je te raccompagnais.

Tout en marchant, nous parlions de ma future grossesse. Pile à ce moment, nous tournons la tête et voyons une petite place avec une plaque « place arc-en-ciel ». En dessous, il y avait peint la fresque d’un oissillon. Précisément comme un bébé arc-en-ciel, ce bébé qui vient après un deuil périnatal pour redonner des couleurs à la vie et de l’espoir en l’avenir.

Nous continuons le chemin en parlant de ce signe si magnifique et arrivons dans le hall d’entrée de l’hôpital. Un inconnu joue au piano. Tu t’es arrêtée net. La chanson jouée est celle que tu entendais toujours dans ta tête lorsque tu cherchais Malik sans savoir où il était. Le titre : Faded d’Allan Walker.

De toutes les fois, nombreuses, où nous avons été à cet hôpital, personne ne jouait jamais à ce piano. Et là, alors que rien ne présageait que nous soyons là, quelqu’un joue cette chanson qui comme tu me disais n’est pas très connue.

Nous avons eu toutes les deux des fantastiques signes de nos anges et nous nous sommes quittées avec des frissons dans le corps mais une belle chaleur réconfortante dans nos cœurs.

Lors de notre toute dernière rencontre, tu avais peur, comme tous les paranges, que ton fils soit oublié au fil du temps. Je t’avais d’abord répondu qu’aucun pied n’est trop petit pour ne pas laisser une empreinte dans ce monde.

Puis je t’ai dit que tu avais laissé la plus belle des traces, indélébile, de son existence : le livre magnifique que tu as écrit. Tu as réussi à le faire éditer et j’en partage le lien avec tous ci-dessous pour que tout le monde puisse l’acheter et découvrir ta plume aussi belle et solaire que toi, à ton image.

Hommage à mon amie Virginie - Photo couverture du livre écrit par Virginie Les carnets de Malik. - Crédits Mélanie My Original Nature – Licence CC BY-NC-SA 4.0

Les carnets de Malik aux éditions du Lys Bleu

Également, il y a le signe improbable lors de notre dernière visio, la dernière fois où je t’ai vu et parlé en vie. Quelques minutes avant cette visio, j’avais trouvé une plume blanche dans la maison, toutes fenêtres fermées et personne n’était sorti ce jour-là. Nos anges étaient là, avec nous.

Hommage à mon amie Virginie - Plume blanche trouvée avant la dernière visio avec Virginie - Crédits Mélanie My Original Nature – Licence CC BY-NC-SA 4.0

Hommage à mon amie Virginie - Plume blanche trouvée avant la dernière visio avec Virginie 2 - Crédits Mélanie My Original Nature – Licence CC BY-NC-SA 4.0

La lutte contre la maladie

Ma chère Virginie, tu as lutté si fort comme tu l’as fait toute ta vie contre ces putains de cancers qui t’ont volé ta vie.

Tu en as vaincu 2 mais le 3 eme a réussi à te reprendre à nous.

Tu pensais au fond de toi que c’était la perte de ton fils qui avait déclenché le premier. Je t’avais aussi parlé des méthodes alternatives dans le traitement du cancer que la médecine conventionnelle rejette alors qu’il y a des résultats et qui pourraient être un complément voir apporter la guérison.

Toutefois, la chimiothérapie rapporte trop d’argent aux laboratoires pharmaceutiques et il n’est pas question d’abandonner leur poule aux œufs d’or. Quand un médecin annonce cancer c’est égal à chimiothérapie. Mais la perspective de mourir fait qu’on fait confiance aux blouses blanches car ce sont censés être « des sachants ». Tu as fait confiance à cette médecine qui n’a pas pu te sauver.

Pourtant, si la chimiothérapie tue les cellules cancéreuses, elle tue aussi les cellules saines. Elle t’avait tant affaiblie, mais tu es restée debout à te battre jusqu’au dernier instant.

Triste et en colère

Je ressens tellement de tristesse et de chagrin que tu ne sois plus là. J’ai toujours cru bec et ongles à ta guerison. Il y a quelques mois je t’avais dit : « Je ne sais pas ni comment ni quand mais je suis sûre que tu vas guérir, c’est obligé, car le monde a encore besoin de toi et de ta si belle lumière !  ».

Je ressens aussi de la colère. Colère d’abord envers ces médecins froids et techniciens qui t’ont pris comme un cas parmi d’autres. Je me souviens des dernières consultations avec l’oncologue où tu m’avais demandé de venir. Elle t’égrainait les résultats froidement, t’as prescrit un pauvre sirop qui ne t’a même pas aidé avant la fois d’après de dire que tu ne pouvais plus être soignée chez eux. Les autres médecins qui t’ont prise en charge après n’ont pas été mieux, ils ne t’on rien proposé pour te sauver.

Aussi en colère de ne pas avoir tenté avant de trouver des personnes prêtes à prier pour ta guérison par l’intermédiaire d’une personne décédée. J’y ai pensé bien trop tard et les personnes à qui j’ai demandé n’ont pas pu ou voulu.

Je suis aussi en colère contre moi de m’être très enrhumée et de ne pas avoir pu te voir une dernière fois. J’avais peur de te faire courir un risque supplémentaire au vu que tu étais immunodéprimée et je ne suis pas venue te voir.

Immensément triste de ne pas t’avoir apporté ce dernier gâteau que tu aimais tant et que je confectionnais quand je t’accompagnais à tes séances. Quand je t’avais dit que nous viendrions et demandé ce qui te ferais plaisir, tu m’as dit : «  je mangerai bien un petit bout de ce gâteau si moelleux que tu fais » même si tu ne mangeais déjà quasi plus …

Je l’avais préparé la veille et le matin de notre venue, toux et nez bouché, impossible de te mettre plus en danger. Je laisse donc ici la photo de ce si joli gâteau que j’avais fait pour toi que j’avais empli de tant d’amour et de bonnes ondes de guérison.

Hommage à mon amie Virginie - Gâteaux moelleux pour Virginie - Crédits Mélanie My Original Nature – Licence CC BY-NC-SA 4.0

Source photo : Mélanie – My Original Nature

La plus belle des amitiés

Ta présence solaire, chaleureuse ; ton intelligence ; ta sensibilité artistique rare ; ta gentillesse ; ton cœur sur la main ; ton envie de toujours découvrir de nouvelles choses ; nos conversations sur des sujets dont d’autres ne veulent pas parler par manque d’ouverture d’esprit ou de peur : tout me manque.

J’ai déjà perdu une meilleure amie il y a 8 ans, aujourd’hui j’en perds une autre.

Comme elle, tu es une personne rare que j’aurai eu la chance de connaître et qui m’a tant apporté.

Tu me manques bien plus que les mots ne peuvent exprimer.

Comme pour elle, c’est une immense douleur de t’avoir perdu. Mais ce n’est difficile que pour ceux qui restent.

Quel que soit l’endroit où tu es, tu es délivrée de toutes tes souffrances et tu as retrouvé ton fils Malik. Je suis sûre que tu y retrouveras aussi mon fils et que tu prendras bien soin de lui pour moi et son papa.

Aujourd’hui, tu contemples une jolie vue sur le monde. Je sais que tu veilleras à jamais sur les tiens.

Ma douce Virginie, je te garderai à jamais dans mon cœur.

Quand je verrai une belle étoile briller dans le ciel, je saurais que tu es toujours avec nous tout en sachant qu’un jour, nous nous retrouverons.

Hommage à mon amie Virginie - Photo libre de droit d'un arbre entouré de toutes les étoiles du ciel - Freepik.com

Crédits photo : Freepik.com

Mélanie – My Original Nature

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